« Cosmocène » : se relier au cosmos pour vivre sur Terre, s’immerger dans les espaces vibratoires, portés par les ieux étoilés comme les fourmillements des sols et des océans, se faisant chimères et évoquant les
"ELEGIE"
Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, beaucoup d'hommes et de choses, il faut sentir comment volent les oiseaux.
Rainer Maria Rilke, Les Cahiers de Malte Laurids Brigge
Alors que l’exposition de 2023 du duo Becquemin & Sagot abordait les liens métaphysiques que nous entretenons avec le cosmos, "Elégie" nous renvoie à nos hécatombes terrestres.
Artistes asphyxiées dans un monde abimé, Becquemin & Sagot recueillent ces chutes en plein vol en les dessinant sur de grands lés de papier verticaux : hirondelles, fauvettes, parulines, merles, moineaux, chauves-souris, étourneaux…. transforment la galerie en une volière tragique.

Elégie - exposition à venir chez H Gallery Paris (31janv -1mars 2025)
série de dessins, laie de 384cmx60cm (vue de détail), travail en cours
Hirondelles, fauvette, paruline, merle, moineaux - Texas, août 2022 - consécutive aux mégafeux
Issue du grec ancien elegeia, l’élégie évoque le chant du deuil.
Du cosmos à la terre, les pluies d’oiseaux se font le témoin silencieux des modes de vie écocidaires.
Ces êtres inspirent, au fil des siècles et des cultures, mythes fondateurs, récits cosmogoniques et interprétations astrologiques. Messagers liminaires entre le monde terrestre et le monde céleste, leurs vols fascinent. Leurs chants captivent.
Mais les chants disparaissent. Et les vols s’évanouissent. Car les oiseaux chutent, par dizaines, par centaines parfois dans des pluies tragiques et sidérantes. Ces phénomènes, souvent amputables à nos bruyantes pratiques telles que les feux d’artifice ou nos pollutions lumineuses, atmosphériques, se propagent en chute libre. Ces corps inertes qui jonchent le sol en un instant évoquent des images apocalyptiques, surnaturelles tout en se faisant le miroir de notre planète industrieuse et extractiviste.
Il se s’agit plus de prophétiser avec oiseaux. Leurs chutes sont des signaux.
Rachel Carlson, biologiste marine et essayiste environnementaliste américaine, avait alerté dès 1962 des printemps silencieux qui se répandraient sur nos milieux, consécutivement aux pollutions aux pesticides utilisés par l’agriculture.
La chercheuse en littérature Marielle Macé souligne quant à elle la place de lanceurs d’alerte que nous pouvons percevoir dans ces pluies d’oiseaux.
Chaque dessin fait référence à une pluie d’oiseaux, depuis les récits mythologiques jusqu’aux mégafeux américains. Les épisodes ne cessent d’ailleurs de se précipiter depuis ces 15 dernières années eu égard aux conditions environnementales de plus en plus toxiques. Les dessins, comme des cénotaphes, rappellent qu’en silence, l’oiseau vole à travers nous. Sonnets à Orphée II, 12, Rainer Maria Rilke)
Lezignan, 2023, Nouveau Mexique, 2022, Rome, 2021 ; Modesto (EU) 2013, Gloucester (GB),2014, Chicago 2014, Murray (Kentucky) 2012, Draper (EU), 2012, Queensland, 2011, Pointe Coupee (Louisianne), 2011, Falkoping (Suède), 2011, Beebe (Arkansas), 2010, Espérance, 2010, Cumberland County (New Jersey), 2009, St Mary’s City (EU),1976, Chine, Avril 1958, Aberdeen (Ecosse), 1731, Llangollen (Pays de Galle) 1794, Rome 1642, Bretagne1278, Thuringe (Allemagne), 988, Arcadie, 8e siècle avant JC




